Contexte s�curitaire en Guin�e

Rappel du contexte sécuritaire des pays transfrontaliers de la Mano River (Guinée, Libéria, et Sierra Léone)

La Guinée est membre de la Mano River Union (MRU) avec la Sierra Léone, le Libéria et la Cote d'Ivoire. Les quatre pays présentent des similitudes et des différences dans leurs contextes socioculturels, économiques et politiques. Ils partagent des frontières communes avec les mêmes groupes ethniques (Malinké, Kissi, Vais, Mendé, et Peul) qui vivent de part et d'autre des frontières. Le Libéria et La Sierra Leone ont connu chacun plus de dix années de guerre civile à partir 1989 et 1991 respectivement avec des effets débordants sur la Guinée. Ces conflits ont été déclenchés par plusieurs facteurs à la fois internes et externes, politiques, économiques et sociaux. Ces conflits ont été alimentés et soutenus par les intérêts particuliers régionaux et internationaux. Les mêmes conflits ont entrainé la mort de centaines de milliers de populations ainsi qu'un afflux de déplacés intérieurs et de réfugiés vers la Guinée.

Les conflits armés ont miné et ont déconstruit les modèles d'organisation traditionnelle. Les infrastructures de base ont été vandalisées ou ont été détruites complètement. De plus, les conflits ont affecté défavorablement la légitimité des gouvernements et leur capacité de gouverner d'une manière efficace. La fragilité et la porosité des frontières de la Guinée ont entrainé l'afflux massif des réfugiés et a augmenté l'insécurité et les abus flagrants de droits humains et en particulier ceux des femmes, des filles et des enfants.

Les acteurs nationaux et internationaux ont contribué à l'instauration des mécanismes de protection des réfugiés et des populations d'accueil. Les communautés ont développé des initiatives locales de protection et des systèmes alertes. Ce qui leur a permis d'asseoir la cohésion sociale malgré un environnement hostile.Analyse de la situation sociopolitique de la Guinée.

Récents événements à N'Zérékoré

La zone reste caractérisée par une instabilité récurrente qui se manifeste par des violences intercommunautaires régulières depuis les années 1970. Des affrontements ethno-religieux, fréquents, opposent généralement les populations autochtones à dominante chrétiennes ou animistes et les populations allogènes à dominante musulmane. Les premières ont l'impression d'être envahies par la population musulmane, ce qui fait renaitre les tensions déjà très vives et les exacerbe.
Le 15 juillet 2013 ont ressurgi de violents affrontements notamment dans les préfectures de Nzérékoré et de Beyla. En effet, un incident survenu à Koulé (sous-préfecture située à 45 Km de Nzérékoré) le 15 Juillet 2013 a ravivé les tensions : un Jeune gardien (de l'ethnie Konia) d'une station-service a tiré sur un présumé voleur (aussi de l'ethnie Konia). La station-service appartenant à un Kpèlè a amené les passants fidèles musulmans revenant de la prière matinale a présumé que c'est un Kpèlè qui a tué un Konia ce qui a déclenché l'ire de la communauté Konia. Cet évènement a provoqué une série de violences d'une rare cruauté entre les communautés Kpèlè et Konia et s'est étendu à Nzérékoré et à Beyla avec pour bilan 94 morts, de multiples portés disparus et quelques 180 blessés. La cause profonde de ces confrontations répétées réside dans l'accès aux ressources naturelles (terres, forêts, faune, ...), la gestion des relations de cohabitation (us et coutumes, ...) et la problématique de la gouvernance.
Par ailleurs, les Guinéens n'ont pas la même lecture de leur histoire des 50 dernières années. Dans les écoles, l'histoire du pays est formellement enseignée jusqu'en 1958, il n'y a, toutefois pas une reconnaissance collective de cette histoire. Or, la réconciliation Nationale c'est aussi se réconcilier avec son histoire, en l'intégrant dans son patrimoine et en la transmettant aux futures générations.

Causes contingentes
Au cours de la dernière décennie, la Guinée a connu une crise sociopolitique aigüe, illustrée par les changements incessants de gouvernements et les multiples contentieux générés par les élections présidentielles, législatives, communales sur une période de sept ans. Cette crise a contribué à approfondir la fracture sociale, à exacerber la rupture du dialogue entre les civils et les militaires et les contradictions entre les acteurs sociopolitiques. L'organisation des prochaines élections législatives le 24 Septembre 2013 constitue le dernier test de retour à l'ordre constitutionnel, une condition de l'accès du pays au Fonds d'aide au développement. Or, les risques de violence restent extrêmement élevés à l'approche et au cours des échéances électorales. L'histoire des vingt dernières années du pays le prouve. Les derniers évènements en date, l'entre deux tours de la dernière consultation électorale, a enregistré, en octobre 2010, de multiples actes de violence, notamment à caractère communautaire et ethnique. Les abus perpétrés contre les ressortissants de la Moyenne Guinée vivant dans les Préfectures de Kouroussa, Siguiri et Kissidougou et ceux de la Haute Guinée vivant à Labé et Pita et des violences contre les militants de certains partis politiques à Conakry en sont des exemples probants. A cela s'ajoute les récents évènements de N'Zérékoré.

La forte polarisation du débat politique, les contradictions internes de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le faible niveau d'application du code de bonne conduite entre les principaux partis politiques, l'absence du cadre de concertation entre les acteurs politiques, le faible poids de la Cour Suprême et du Conseil National de la Transition (CNT), le culte de la personnalité sont des facteurs qui augmentent les risques de conflit pouvant survenir lors des prochaines élections législatives.

Par ailleurs, l'Accord politique signé, sous l'égide des Nations Unies, entre l'opposition et la mouvance présidentielle constitue un facteur crucial favorisant l'organisation d'élections crédibles, transparentes et acceptées par tous. Cet Accord vient résoudre les contradictions essentielles entre le pouvoir et l'opposition autour de la période fixée pour la tenue des élections législatives, le choix de l'Opérateur de Saisie, la révision du fichier électoral, le vote des guinéens de l'extérieur, le respect des mandats des différents acteurs et institutions, créant ainsi les conditions pour la paix, l'unité nationale et la stabilité politique.
Malgré la signature de cet Accord, des violences intercommunautaires viennent d'être enregistrées ce mois de juillet 2013, faisant plusieurs victimes, dans la région forestière notamment à N'Zérékoré confirmant ainsi la fragilité du tissu social et l'existence de tensions sociales latentes.

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